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Archive for juin 2012

NEW-YORK CITY – JUST KIDS de Patti SMITH

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LOS ANGELES (CALIFORNIA) – LITHIUM POUR MEDEE de Kate BRAVERMAN

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CALIFORNIA – Du Sang Dans Les Plumes – Joel WILLIAMS

Joel WILLIAMS est un indien américain condamné à 25 ans de prison pour avoir  assassiné son père.

L’ouvrage « DU SANG DANS LES PLUMES » est un recueil de textes courts  où l’auteur nous transmet l’expérience extrême du meurtre , de la réclusion et de l’exclusion. Il convient de souligner l’originalité de cette nouvelle petite collection 13ème note qui publie des textes sortant du mainstream de la littérature. Il s’agit d’expériences individuelles vécues et narrées dans un style brut sans fioritures et surtout sans concessions aux convenances et à la bien-pensance. La grande littérature puise son intérêt et sa force dans la restitution d’une aventure humaine authentique, c’est le cas dans ce recueil où affleure une certaine désespérance quant à la condition de l’homme qui se bat dans les affres de la violence, de la traitrise et du dégoût de soi.

Chaque nouvelle est un morceau de littérature à l’estomac, l’écriture prend à bras le corps les réalités les plus sordides de l’univers carcéral où de l’exclusion, la justesse des mots fait mal et l’auteur prend son lecteur aux tripes pour tenter de faire passer une expérience ultime qu’il ne vivra jamais.
Existe-t-il une expérience aussi limite que celle du meurtre d’un père réel ? Joel Williams trouve l’absolution immédiate du lecteur, car comme il apparaît ici c’est la victime qui est le criminel, un père « blanc » d’une cruauté incontrôlable entraine son fils à commettre l’irrémédiable…De  manière métaphorique, on pourrait voir dans ce meurtre l’assassinat d’une figure de l’oppression de tout un peuple, l’homme blanc qui a conquis l’Amérique au prix d’un génocide…nous n’irons pas plus loin dans cette interprétation mais elle semble s’incarner brusquement dans l’acte lui-même.
Le texte relatant le crime trouve des résonances shakespeariennes et l’on pense à Macbeth et son forfait….ce meurtre que l’on voudrait effacer, ce moment irréversible qui scelle le tragique de la destinée humaine.

Un étrange lien me relie à ce livre ……

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.SALT LAKE CITY (UTAH) – PORTLAND (OREGON) – UN LONG SILENCE – Mikal GILMORE

Tryptique structurant de la psyché américaine : Famille , Religion , Meurtre.

Voici une histoire de bruit et de fureur née dans les tréfonds de l’Amérique  « white trash ». Un très grand roman qui tente de remonter aux origines de la damnation,  de comprendre les mécanismes d’une décomposition en devenir, de la culpabilité originelle et de sa transmission au sein d’un environnement familial profondément perturbé et dont les traumas vont chercher leurs racines dans les fondements même du nouveau continent.

Le 17 janvier 1977, Gary Gilmore est exécuté à Salt Lake City pour le double meurtre d’un directeur de motel et d’un jeune mormon. Il est fusillé.

La peine capitale est rétablie par la Cour Suprême en 1976, et l’Utah sera le premier état à l’appliquer dans le cadre d’une affaire criminelle qui va connaître un destin hors du commun. En effet, Gary  Gilmore, personnalité extrême et complexe, va réclamer avec la plus grande constance sa propre mise à mort, entrainant l’ensemble du système judiciaire dans un imbroglio invraisemblable. L’affaire devient nationale, voire internationale et Gary endosse les habits du criminel le plus célèbre de l’Amérique. C’est aux racines de ce désastre que va s’atteler Mikal, son frère , pour tenter de remonter la chaîne des causalités de ce qui excède ici et de loin le qualificatif de simple  « fait divers ». « Un Long Silence » (SHOT IN THE HEART) est un récit époustouflant, d’une tension et d’une densité rarement égalées. Comme dans toutes les grandes oeuvres américaines ce drame shakespearien nait du chaos et des convulsions secrètes de parcours qui vont se heurter….pour le pire.

Mikal Gilmore, dernier enfant d’une famille de quatre, sera le seul à connaître un destin social « reconnu »; journaliste à ROLLING STONE , il entreprend de comprendre et donc d’écrire ce drame familial. Chaque personnage de cette histoire est soit le dépositaire soit le fruit d’un grand secret, l’entrelacs des non-dits au sein d’un univers d’une grande violence, est à la source de conséquences funestes tant pour les protagonistes que pour l’environnement social.  Ce récit  est ainsi une enquête dans un monde fantomatique,  il s’agit pour l’auteur par ailleurs partie prenante de l’ensemble, de remonter les fils cachés  des mensonges, des itinéraires chaotiques, des mobiles obscurs.

L’un des projets tout à fait convaincants de cette oeuvre est la tentative de contextualisation. Le  premier aspect structurant de la psyché est celui qui nous est donné par le milieu religieux. Le puritanisme mormon, ses textes sacrés qui appellent à la vengeance du sang, sa polygamie assumée, constituent le cadre oppressif au sein duquel va grandir la mère de Gary. S’affranchir ou tenter  de s’affranchir de la pression du groupe se payera du prix le plus élevé. Autre versant d’un déterminisme implacable, la mobilité américaine, la pauvreté et les expédients , les escroqueries et toutes les déviances par rapport à la loi vont façonner l’histoire du père, personnage mystérieux, aux identités multiples et à la violence imprévisible. En tentant de remonter aux conditions qui président aux drames, Mikal GILMORE ouvre la boîte de pandore d’où surgissent les gorgones de l’inconscient familial.

Je rappelle que ce trauma national a donné à la littérature américaine un autre grand chef d’oeuvre; le monumental « CHANT DU BOURREAU » de Norman MAILER (1979).  J’avais découvert ce livre il y a un an maintenant et je me souviens l’avoir lu avec une grande fébrilité. Norman MAILER y analysait avec méticulosité tous les éléments objectifs de l’affaire GILMORE, une foison de témoignages des protagonistes institutionnels mais également un certain nombre d’entretiens avec le criminel en personne donnent à son livre cette dimension « bigger than life » propre aux très grands romans américains.
Le projet de Mikal GILMORE, forcément différent,  entreprend l’introspection familiale au sein de laquelle il a lui-même vécu. La plupart de ses témoignages sont le fruit d’entretiens avec son frère ainé Frank Jr., mais également d’investigations en tous genres concernant les parcours cachés de son père et de sa mère.

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