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Archive for mars 2012

ATLANTA (Georgia) – COTTON POINT de Pete DEXTER

26/03/2012 1 commentaire

Après une semaine hautement cinématographique – j’ai visionné une dizaine de films de Minnelli et découvert par la même occasion l’extraordinaire Home From the Hill (1960) avec Robert Mitchum – ayant délaissé quelque peu mon voyage littéraire à travers les USA, je le reprends donc, je quitte Miami  pour le nord; une halte en Géorgie avec Pete Dexter comme passeur.

le Sud et ses démons, racisme, violence, le terreau sur lequel s’est construite une certaine Amérique et qui constitue la matière littéraire des grands romans américains, comme celui-ci…..Cotton Point.

Paris Trout, commerçant à Cotton Point en Géorgie, est également préteur auprès des noirs pauvres du comté. Suite à une transaction douteuse, il essaye de recouvrer son argent mais les choses ne se passent pas comme prévues. Il investit la maison du jeune noir débiteur, ne le trouvant pas il tue une jeune fille et blesse sérieusement sa mère adoptive.

S’estimant dans son bon droit et ne craignant aucune justice, il engage un avocat pour le défendre. Le procès a lieu, il sera reconnu coupable mais fera appel. Spécialiste des manoeuvres dilatoires, employant la corruption pour échapper à la prison, Paris Trout fera tout pour se soustraire à l’application de la sentence…pour le plus grand malheur de la communauté.

Le personnage de Paris Trout me fait penser à certaines figures de Light in August  ou Sanctuaire de Faulkner. Paris est une entité mystérieuse, opaque;  son comportement erratique et pourtant très déterminé le conduit progressivement vers une folie meurtrière proche du désespoir. Le droit des blancs et l’usage de la violence pour l’appliquer constituent le viatique de Paris Trout.  A partir du meurtre initial, le roman nous emmène dans l’entrelacs des conséquences tant privées que sociales qu’une telle situation a provoqué.

C’est là sans doute son originalité, en alternant la trajectoire intime des différents acteurs du drame, le roman investit l’intériorité des personnages périphériques tout en conservant intact le mystère de Paris. Ainsi sa femme qui s’éloigne dès la nouvelle du crime remet-elle en cause radicalement son union et les raisons qui l’ont produite. Elle aura une liaison charnelle très sensuelle avec l’avocat de Trout lui-même, mais elle gardera toujours  dans l’intimité la plus profonde , une distance insaisissable. Car Paris Trout marque profondément la psyché de son entourage, les gens de la communauté le craignent au même titre que sa femme dont il a d’une certaine manière façonné la soumission émotionnelle.

Grande topique du roman américain, Le monde du Sud est à jamais un univers  de passions frustes et de  rêves contrariés. Les noirs  y  vivent relégués dans des taudis infâmes et sont l’objet d’un racisme quasi « naturel » de la part des petits blancs arrogants, leur sort scandaleux n’émeut personne et découle d’une subordination « ontologique ».

C’est cet univers de tensions que montre  parfaitement Pete Dexter lorsqu’il centre son propos sur le comportement de Paris Trout. Si le droit est avec lui, tout est permis et aucune culpabilité n’est possible. Fort de cette conviction les noirs seront toujours les victimes innocentes d’un ordre qui les confine dans les marges.
Je remercie mon ami Olivier Brun de m’avoir conseillé ce roman.

Catégories :littérature

MIAMI (Florida) – CADILLAC BEACH de Tim DORSEY (2003)

« Highway 95 down to Miami was my yellowbrick road…. »

Voilà un roman totalement déjanté qui nous emmène à fonds de train sur les Highways de Miami, entre poursuites apocalyptiques et embrouilles chaotiques. On sait que l’oeuvre de Tim Dorsey s’emploie à déconstruire, démolir serait plus juste, toute la culture trash américaine, et tout particulièrement celle du polar noir, sans oublier Miami, capitale de l’artifice et de l’éphémère.
Les codes du genre policier sont ici subvertis, au détective du roman noir classique (hard boiled façon Marlowe) se substitue une figure improbable du « félé pyschotique » imprégné de culture cinématographique et musicale (docte culture) . Ce personnage illuminé est à la recherche des diamants d’un casse ayant eu lieu il y a  50 ans et par la même occasion de ses origines nébuleuses. En route pour une virée avec ce cavalier de l’apocalypse….

L’équipée  sauvage déferle à toute berzingue dans le Miami post « Scarface » de Tony Montana, semant cadavres et confusion dans cet univers urbain où les anti castro ont pignon sur rue et la mafia la haute main sur toutes les drogues irriguant la cité.

Le roman est drôle, parfois hilarant, les métaphores fonctionnent comme des uppercut, le style et la manière de décrire les actions emportent le lecteur dans une maelström de sensations et de dialogues fumeux, symptômes d’une philosophie ésotérique qui doit beaucoup aux volutes de cannabis consommé ici dans des proportions qui relégueraient Bob Marley dans la catégorie des « petits joueurs ». Nous sommes ici dans une version puissance dix de Very Bad Trip…..l’adaptation cinématographique d’un tel roman laisse rêveur.

Serge, le héros de cette aventure, lui ne fume pas, il est le héros-mémoire de la ville. Rien de l’histoire de Miami et de sa « beach » culture ne lui est étranger. Ce savoir encyclopédique lui sert d’alibi pour monter une combine peu banale; faire découvrir la ville à d’innocents touristes sous couvert d’une agence de voyage qui proposera une visite « guidée » de Miami (nous ne saurions que trop  déconseiller ce type de visite à toute personne « sensée »). Pleine de rebondissements, avec une série de flash-back dans les années Kennedy, l’équipée prend les allures d’un jeu vidéo détraqué qu’il serait  impossible d’arrêter….pour notre plus grand plaisir.

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NEW ORLEANS – LE CINEPHILE de Walker PERCY (1961)

« Aussi incapable d’entrer dans le monde que le fantôme de Banquo….. »

 

Je reviendrai plus avant sur cette oeuvre majeure de la littérature américaine.

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