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ATLANTA (Georgia) – COTTON POINT de Pete DEXTER

Après une semaine hautement cinématographique – j’ai visionné une dizaine de films de Minnelli et découvert par la même occasion l’extraordinaire Home From the Hill (1960) avec Robert Mitchum – ayant délaissé quelque peu mon voyage littéraire à travers les USA, je le reprends donc, je quitte Miami  pour le nord; une halte en Géorgie avec Pete Dexter comme passeur.

le Sud et ses démons, racisme, violence, le terreau sur lequel s’est construite une certaine Amérique et qui constitue la matière littéraire des grands romans américains, comme celui-ci…..Cotton Point.

Paris Trout, commerçant à Cotton Point en Géorgie, est également préteur auprès des noirs pauvres du comté. Suite à une transaction douteuse, il essaye de recouvrer son argent mais les choses ne se passent pas comme prévues. Il investit la maison du jeune noir débiteur, ne le trouvant pas il tue une jeune fille et blesse sérieusement sa mère adoptive.

S’estimant dans son bon droit et ne craignant aucune justice, il engage un avocat pour le défendre. Le procès a lieu, il sera reconnu coupable mais fera appel. Spécialiste des manoeuvres dilatoires, employant la corruption pour échapper à la prison, Paris Trout fera tout pour se soustraire à l’application de la sentence…pour le plus grand malheur de la communauté.

Le personnage de Paris Trout me fait penser à certaines figures de Light in August  ou Sanctuaire de Faulkner. Paris est une entité mystérieuse, opaque;  son comportement erratique et pourtant très déterminé le conduit progressivement vers une folie meurtrière proche du désespoir. Le droit des blancs et l’usage de la violence pour l’appliquer constituent le viatique de Paris Trout.  A partir du meurtre initial, le roman nous emmène dans l’entrelacs des conséquences tant privées que sociales qu’une telle situation a provoqué.

C’est là sans doute son originalité, en alternant la trajectoire intime des différents acteurs du drame, le roman investit l’intériorité des personnages périphériques tout en conservant intact le mystère de Paris. Ainsi sa femme qui s’éloigne dès la nouvelle du crime remet-elle en cause radicalement son union et les raisons qui l’ont produite. Elle aura une liaison charnelle très sensuelle avec l’avocat de Trout lui-même, mais elle gardera toujours  dans l’intimité la plus profonde , une distance insaisissable. Car Paris Trout marque profondément la psyché de son entourage, les gens de la communauté le craignent au même titre que sa femme dont il a d’une certaine manière façonné la soumission émotionnelle.

Grande topique du roman américain, Le monde du Sud est à jamais un univers  de passions frustes et de  rêves contrariés. Les noirs  y  vivent relégués dans des taudis infâmes et sont l’objet d’un racisme quasi « naturel » de la part des petits blancs arrogants, leur sort scandaleux n’émeut personne et découle d’une subordination « ontologique ».

C’est cet univers de tensions que montre  parfaitement Pete Dexter lorsqu’il centre son propos sur le comportement de Paris Trout. Si le droit est avec lui, tout est permis et aucune culpabilité n’est possible. Fort de cette conviction les noirs seront toujours les victimes innocentes d’un ordre qui les confine dans les marges.
Je remercie mon ami Olivier Brun de m’avoir conseillé ce roman.

Catégories :littérature
  1. netcolony
    02/04/2012 à 04:50

    It would be much more interesting to have a review in English taking into account that the novel is written in English. Is your target reader a French person or an English person?

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